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  AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me

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Cloëlia W. Travis

Cloëlia W. Travis

Date d'inscription : 17/08/2015
Messages : 272

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MessageSujet: AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me    AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me EmptyMer 4 Oct - 22:44




Ailis James
See the line where the sky meets the sea? It calls me...
Pièce d'identité

NOM ≈ James PRÉNOM(S) ≈ Ailis Luna ÂGE ≈ 27 ans LIEU DE NAISSANCE ≈ Sur la banquette d'un camping car, quelque part entre Vienne et Budapest. Mes parents n'ont jamais su s'ils avaient passé la frontière ou non lorsque j'ai pointé le bout de mon nez un mois et demi trop tôt. J'ai par conséquent hérité de leur nationalité australienne, sans vraiment savoir s'il aurait pu en être autrement. STATUT SOCIAL ≈ célibataire MÉTIER ≈ Je suis interne en chirurgie. J'enchaîne les heures et les nuits sans sommeil pour un rêve et un seul : celui de pouvoir un jour guérir les enfants, ici ou ailleurs. Surtout ailleurs. ORIENTATION SEXUELLE ≈ Hétérosexuelle. GROUPE ≈ 30 ans sinon rien. Vieillir, ça fait partie de la vie, pas vrai ? AVATAR CHOISI ≈ Candice King (Accola) CODE VALIDATION ≈

Les informations en vrac

J’ai visité les cinq continents. Pas tous les pays du monde, mais assez pour savoir de quoi est fait le monde. ≈ J’étais en Thaïlande le 26 décembre 2004, lorsque le tsunami a frappé la côte. J’ai perdu mon meilleur ami ce jour-là, mais n’ai jamais su s’il était en vie ou non. Je me plais à croire qu’il l’est… ≈ Je n’ai pas fêté Noël depuis 2004. Cette fête a toujours été la préférée de ma famille, mes les évènements survenus cette année-là ont transformé cet événement, que j’ai pourtant toujours aimé, en cauchemar. ≈ J’ai regagné l’Australie avec ma famille début 2005, où je suis allée pour la première fois à l’école publique. Ma famille ne s’est jamais installée à Bangkok, contrairement à ce qui était prévu. ≈ Je chante plutôt bien, enfin, il paraît. Je suis bien trop réservée pour chanter devant qui que ce soit, en réalité, mais j’ai passé des nuits entières à divertir ma famille, petite, lorsque nous étions sur la route. ≈ Je n’aime pas particulièrement manger, mais j’ai des passions culinaires bien particulières. Il faut me connaître pour savoir ce qui me fait vraiment plaisir. ≈ Je ne vais nulle part sans mon carnet à dessin. J’ai toujours dessiné, si bien que mes carnets renferment des paysages et des moments de ma vie dont personne d’autre que moi ne connaît l’existence. ≈ Je ne sais pas danser. Ou en tout cas, j’ai un balai là où vous savez dès que j’essaye. ≈ J’ai une obsession sensiblement nocive pour Disney. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai regardé tous les films…[/i]

Le joueur derrière l'écran

Sur le net, on m'appelle PAS :angel: , mais appelez-moi GWEN. J'ai 25 ANS, et je viens de PARIS. J'ai découvert 30YSY grâce à CETTE VENDUE D'ELIZABETH DONOVAN, et j'ai cédé à m'inscrire parce que JE N'AI PAS RP DEPUIS UN PEU PLUS DE DEUX ANS ET CELA ME MANQUAIT. JE SOUHAITAIS PAR AILLEURS REJOUER AVEC DEUX DE MES PARTENAIRES FETICHES, ET EN PROFITER POUR FAIRE DE NOUVELLES RENCONTRES :chou: . Malgré mon emploi du temps chargé, je pourrai tout de même être présent(e) AU MINIMUM UNE FOIS TOUTES LES 48H. JE FERAI MON MAXIMUM EN TERME DE RP :hrt: . Mon personnage est un INVENTÉ. Je suis content(e) de vous rejoindre dans l'aventure et PATATI ET PATATA TOUTE LA JOURNEE CA N'ARRÊTE PAS :haaa: .

Code:
<pris>candice accola ≈</pris> ailis james


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Cloëlia W. Travis

Cloëlia W. Travis

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MessageSujet: Re: AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me    AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me EmptyMer 4 Oct - 22:45




Il était une fois, mon histoire
Petite citation qui illustre ton histoire


Ch. I - A moment lasts forever when our song lives on
Mai 1996, Norvège

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Les yeux plissés, la fillette fixe l’horizon sans ciller. L’air frais du soir lui picote désagréablement les pupilles, qu’elle finit par humidifier en battant doucement des paupières. Face à elle, la nuit reprend ses droits sur le monde. La lune se dessine chaque seconde plus nettement dans le ciel, reflétant les dernières lueurs crépusculaires d’un soleil fatigué. Ensorcelé, l’astre scintillant disparaît derrière les montagnes, laissant derrière lui son souvenir coloré sur la surface plane et silencieuse d’un lac aux frontières infinies. La Norvège disparaîtra bientôt dans la nuit, et la petite fille entend presque les battements de son cœur résonner dans ses temps à la seule idée de la quitter. Une fois de plus, il faut partir. Dire au revoir, tourner le dos à des centaines de souvenirs indélébiles dont la seule remémoration provoque un pincement de cœur douloureusement chaleureux. Ailis aura vécu huit mois ici. Huit mois d’aventure, de rencontres, de découvertes, huit mois de vie emprisonnés dans une larme qu’elle sauvegarde précieusement au bord de ses cils, de peur de les laisser s’échapper.

La voiture s’engage sur un obstacle, la faisant presque imperceptiblement balancer d’avant en arrière. Instinctivement, elle se cramponne au bord de la remorque du vieux pick-up vermillon de son père, sans pour autant quitter le paysage des yeux. « Chérie, ça va ? » Elle sursaute en reconnaissant la voix de sa mère, qui résonne à ses oreilles pour la première fois depuis leur départ. Elle est la seule à être restée à l'arrière, tandis que le père d'Ailis prenait le volant et que ses deux frères s'endormaient paisiblement sur le siège arrière. Sans même se retourner, la petite fille sent sa génitrice se rapprocher d’elle, jusqu’à ce que ses doigts délicats viennent caresser les pointes de ses mèches d’un blond immaculé. Serrant la gorge, la fillette hausse les épaules, sans savoir quoi dire. Oui. Et non. Elle même ne connaît vraiment la réponse à cette question. Souhaitait-elle partir ? Non. Est-elle heureuse de le faire ? Oui. Paradoxal, mais son cœur est encore trop jeune pour lire entre les lignes de ces émotions contradictoires. Détachant son regard du paysage pour la première fois, Ailis observe attentivement le profil de sa mère. Pensive, elle ne semble pas torturée par des émotions similaires. Elle garde le menton levé, les yeux caressant le ciel, et affiche une telle sérénité que le nœud désagréable dans l’estomac de sa fille se desserre doucement. « Tu es triste ? », finit-elle par demander, brisant à nouveau le silence. « Non. » « Alors, que se passe-t-il ? »

La fillette pince les lèvres, baissant délicatement la tête. Elle fronce un instant les sourcils, affichant une mine renfrognée avant de lever à nouveau les yeux vers l’horizon. « Je ne comprends pas, Maman. Je comprends pas pourquoi il faut toujours partir. » Un rire tendre et musical passe la barrière des lèvres de sa mère, prenant Ailis au dépourvu. Surprise, elle tourne à nouveau le visage vers celle-ci, sourcils haussés. Qu’y-a-t ‘il de si drôle dans sa simple question ? A nouveau silencieuse, sa mère l’observe le sourire aux lèvres, plongeant ses iris gris si loin dans l’océan du regard de sa fille qu’elle pourrait la percer à jour, là, sans ne rien faire d’autre. Délicatement, elle pose la main sur celle d’Ailis, transmettant à la fillette une chaleur rassurante. Ses longs doigts enveloppent ceux de sa fille, qu’elle soulève soudain en direction de l’horizon. « Tu vois, cet oiseau ? » Ailis sourit. L’ombre d’un aigle vient de s’envoler vers les nuages. Elle lève les yeux pour le suivre, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un point minuscule et qu’enfin, il disparaisse. « Oui ? » « Ferme les yeux. » Septique, elle s’exécute. « Maintenant, souviens-toi de lui. Tu le vois toujours ? » « Huh-huh ? » « Cet oiseau ne reviendra jamais, Aili. », souffle sa mère d’une voix mélodieuse. « Et même s’il le fait, le vent sera peut-être contraire. Ses mouvements d’ailes ne seront pas les mêmes, son ombre sera différente. Ce moment, cet instant, n’arrivera qu’une seule fois et toi seule en es témoin. » Parcouru d’un frisson causé par la brise, la fillette plisse le nez. Ouvrant à nouveau les paupières, elle cherche celles de sa mère, qui, elle, ne l’a pas quittée des yeux. « C’est pour cette raison que l’on part. Pour voir, aujourd’hui. Ce moment, cet instant. Car ce que tu vois, et comment tu le vois, personne n’autre que toi ne le verra jamais. Et c’est ce qui fait de ta vie, ta vie. »

Ch. II – Long live all the magic we made
24 décembre 2004, Phuket, Thaïlande

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Les yeux levés vers le ciel, je soupire. Agressifs, les grains de sable habituellement doucereux frôlent désagréablement mes orteils alors que je les enfonce nerveusement dans le sol. Je sens le regard d’Adam, allongé à côté de moi, peser sur mon profil. Je sais qu’il cherche le mien, mais je n’ai pas envie de le regarder. Je sais que je ne trouverai rien d’autre dans ses yeux qu’une peine qu’il n’arrive pas à cacher, et je retarde autant que possible le moment où je devrai affronter la réalité pour de bon. « Pourquoi vous restez, de toute façon ? » Je ferme les paupières. Je comprends aussi peu que mon meilleur ami la raison qui peut pousser mes parents à vouloir s’installer où que ce soit pour la première fois de leur vie, si bien que je n’ai rien à lui répondre. « Mon père a trouvé du travail. » « Mais ton père travaille partout. » Il a raison. Mon père s’est toujours laissé porter par le vent et bien qu’il n’y ait pas partout autant de travail qu’ailleurs, ma mère, mes frères et moi n’avons jamais manqué de rien. Celui-ci a cependant trouvé un poste stable à Bangkok, et souhaite l’occuper au moins une année, selon ses dires. Une année. Une année ici, ou plutôt là-bas, à ne voir que le même ciel jour après jour, nuit après nuit. Adam sait. Il comprend, il visualise les lianes que l’on me noue autour des poignets, entend les battements de mon cœur désoxygéné à la seule pensée de rester. Il comprend, parce que sa famille et lui voyagent avec nous depuis plus d’un an, maintenant. Il comprend que tout est fini. Il part, je reste.

« Reste au moins ici pour Noël. » Sa voix se brise, et je ne peux m’empêcher de tourner la tête vers lui. Son regard d’un vert si rare est dissimulé derrière un voile presque invisible, mais savoir le remarquer me sert le cœur. « Je ne peux pas… Tu sais… » « Je sais. » Mes parents ont des amis dans le monde entier mais n’ont jamais passé Noël avec personne d’autre que nous. En quatorze années, jamais je n’ai passé un Noël sans neige, sans décorations, sans guirlandes ou sans cadeaux. Jamais, peu importe l’hémisphère dans lequel je me trouvais, où ma proximité avec l’équateur. Ma famille chérit Noël plus qu’aucun autre jour, et même si le souhaitais, même si je passais des heures à supplier mes parents et mes frères de me laisser une dernière journée avec Adam, aucun d’entre eux n’accepterait. Et je n’ai pas envie qu’ils le fassent. Je veux passer Noël avec eux. Adam, pardon.

Ch. III – Because I knew you, I have been changed for good
26 décembre 2004, Entre Bangkok et Phuket, Thaïlande

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La terre a tremblé. Fort, d’abord. Longtemps, très longtemps. J’ai entendu ma mère crier, mon père jurer. Harry a même prononcé je ne sais quel charabia sur un Dieu auquel il n’a jamais cru, tandis que Jude me soufflait des paroles rassurantes à l’oreille en me serrant si fort que sa seule existence suffisait à me paralyser. Je n’ai pourtant pas eu peur. Pas au début, pas pendant, pas même lorsque les répliques ont frappé. Je n’ai pas eu peur. Maintenant, j’ai peur.

Je vois la nuit tomber malgré mes paupières closes. J’entends le silence s’alourdir malgré mes paumes recouvrant mes oreilles. Immobile, les jambes tremblantes, je sens le sol trembler encore sous mes pieds, cette fois à chaque fois que le pick-up de mon père franchit un obstacle. Ils nous ont dit d’attendre jusqu’à la nuit. Ils nous ont empêché de rejoindre les côtes, expliquant que les routes étaient impraticables. Mais les routes ne sont pas uniquement impraticables. Pas besoin d’avoir le cerveau d’Einstein pour le comprendre, pas besoin d’avoir plus de quatorze ans. Les routes ne sont pas impraticables, elles n’existent plus. Et pourtant, mon père conduit en silence. Il conduit, aussi vite que le trafic le lui permet, pour y aller. Pour aller voir, aller les chercher. Le chercher.

« Ailis ? » Je sursaute, retirant instinctivement les mains de mes oreilles pour me retrouver face à mon père, dont le visage grave se trouve à quelques centimètres du mien. Il a cessé d’avancer. Je n’avais pas remarqué. Face à mon silence, mon père tourne un instant les yeux vers mon frère aîné, Jude, installé sur le siège passager. Ils échangent des paroles silencieuses. « On ne peut pas aller plus loin. On ne peut plus avancer. » Explique mon père. « Pourquoi ? » Ma voix se brise à la prononciation de ces seules syllabes. Une larme dévale ma joue sans que je ne puisse la retenir tandis que mon père, interdit, garde les lèvres closes. Le cœur battant, je me redresse pour la première fois depuis notre départ de Bangkok, où notre maison, notre belle maison toute neuve, gardait encore les traces des secousses matinales.

Je ne vois pas grand chose. Il fait si sombre que le paysage est presque invisible face à nous, si bien que je dois plisser les yeux pour tenter d’apercevoir les environs silencieux. Dans un soupire, j’ouvre la portière et saute à l’extérieur. Du bois humide se tord sous mes pieds à chaque pas que je fais. Mon père et mon frère claquent à leur tour les portières du pick-up derrière moi. « Où est-ce qu’on est ? » finis-je par demander, tremblante. Tournant en rond, je cherche une source lumineuse, je cherche les maisons, je cherche la plage. Mais la plage est loin d’ici, encore, n’est-ce pas ? Je trébuche dans un trou rempli d’eau, m’écorchant la cheville dans un rictus. Mais la douleur physique n’est rien comparée à celle que je ressens lorsqu’enfin, la réalité se dessine dans mon esprit comme sous mes yeux. Je ne vois rien. Il fait sombre. Je ne vois rien car il n’y a rien à voir. Il fait sombre car il n’y a plus de lumière. Mes yeux, finalement habitués à l’obscurité, décryptent maintenant des kilomètres à la ronde, et cette vision ne m’inspire rien d’autre qu’un sanglot déchirant dans la nuit. Le cœur criant de douleur, je serre les poings alors que se referment sur moi les bras de mon frère. « Aili… » Dit-il d’une voix douce. « Aili, regarde moi. » Il se baisse à ma hauteur, mais je ne l’entends ni ne le vois. Tout ce que je vois, ce sont ses yeux. Ses yeux verts, quelque part, perdus loin dans le paysage d’horreur qu’il reste de mes souvenirs. « Il faut que je trouve Adam. », bégayé-je, les lèvres paralysées par un froid soudain et inexplicable. « Aili… » « J’ai besoin de… » « Ailis ! » « Il faut que… » Je sais que ça n’a aucun sens. Je sais qu’il n’est pas là où je l’ai laissé, là où j’aurais dû être avec lui. Et au fond de moi, j’espère qu’il ne l’est pas. Mais je dois y aller, peu importe la distance qui me sépare de l’endroit où je lui ai dit au revoir. « Jude… » Je m’effondre, laissant le poids de mon corps tomber sur mes chevilles. Déchiré, mon cœur pleure des larmes de sang que je sens tracer des sillons invisibles sur ma peau blanche comme neige. « Je… Je… » « Petite sœur… Ma puce… Regarde moi. » Les doigts de mon frère se posent délicatement sur mes joues. Il me force à lui faire face. « Jude… Il faut que je trouve Adam. Il faut que je… » Un cri perçant m’interrompt, suivi d’un sanglot enfantin. Je retiens spontanément ma respiration, tournant la tête en direction de là d’où émanent les pleurs innocents d’un enfant au visage curieusement bien distinct. « Il faut qu’on aide. » Le regard de mon frère s’empare du mien. Il se sait de longues secondes, attrapant mes mains tremblantes pour les serrer fort dans les siennes. « D’accord. D’accord, on y va. »

Ch. IV - Piece by piece I'll take each stolen moment
Mai 2016, Brisbane

 AILIS ✾ See the line where the sky meets the sea? It calls me Giphy
« Aïlis, vous avez un petit-ami ? » Je hausse un sourcil, et toise silencieusement du regard le petit bonhomme qui se tient face à moi. Un sourire presque imperceptible se dessine sur ses lèvres, illuminant son visage marqué par de longues nuits sans sommeil. A chacune de ses visites, j’ai droit à d’innombrables questions aussitôt que ses parents ont le malheur de quitter sa chambre pour s’entretenir avec un médecin. Je retiens un rire, puis sans me laisser déstabiliser par sa question, pose délicatement la main sur son dos, l’invitant par ce geste à se pencher en avant. Il s’exécute, mais refusant de se laisser berner par ma tentative de distraction, se tord le cou de manière à ne pas me quitter du regard. J’introduis machinalement les embouts de mon stéthoscope dans chacune de mes oreilles en remontant délicatement sa blouse. « Respire, Connor, s'il-te-plaît. », soufflé-je à l’instant où la membrane de mon outil touche la peau du jeune garçon. Il reste parfaitement immobile, et je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. « Non, pas de petit-ami. », capitulé-je finalement. Il sourit, puis s’exécute finalement, respirant longuement par la bouche. J’entends à peine son murmure vésiculaire, parasités par des râles sibilants sifflants, forts, mais moins importants déjà que trois heures plus tôt. « Et toi alors, comment elle s’appelle, déjà ? Ana, c’est ça ? » « Ouais. Elle a dit que ses parents la laisseraient peut-être venir ce soir. Alors j’suis content. » « Il paraît que quelqu’un a encore attrapé la crève ? »

Je sursaute en reconnaissant le propriétaire de la voix qui vient de s’élever dans la chambre. Sans surprise, je trouve dans l’embrasure de la porte un jeune brun d’une trentaine d’années, confortablement adossé contre les gonds, le regard rivé sur l’occupant du lit près duquel je me tiens. Kaylan Maxwell, le psychologue de Connor. Le sourire aux lèvres, je laisse retomber la blouse de Connor sur son dos et l’encourage à se réinstaller. Il reste cependant bien droit, prêt à échanger sa poignée de main fétiche avec le nouvel arrivant. Sans surprise, le jeune homme s’approche du lit et offre à Connor ce qu’il attendait. Je constate qu’il me sourit de côté et lui répond timidement, le laissant reporter toute son attention sur la raison pour laquelle il est ici. « J’ai pas attrapé la crève, on me l’a refilé. », s’indigne le gamin en croisant les bras sur son torse, boudeur. « Ca revient au même, champion. Comment il va ? » « Super bien ! » Il me faut une seconde pour comprendre que Kaylan s’adresse à moi. « Super bien. », réponds-je avec un sourire, haussant les épaules en lui faisant comprendre que le petit a raison. Bon, « super » et « bien » ne sont pas exactement les mots exacts pour qualifier la condition d’un garçon de huit ans atteint d’une grave mucoviscidose, mais il va bien. Il va mieux, et c’est tout ce qui compte. Autant pour lui, pour Kaylan que pour moi. « Kaylan, tu savais qu’Ailis avait pas de petit-ami ? » « Non, j’savais pas. » « Comment ça se fait, tu penses ? » « Hey, j’suis toujours là les garçons. » Ils rient à l’unisson, à l’instant où les parents de Connor font irruption dans la pièce, accompagnés par le docteur Pearson, mon supérieur et mentor.

« Tiens, j’t’ai apporté ça. » Sourcils froncés, j’observe Kaylan fouiller dans son gros sac de sport noir, jusqu’à ce qu’il en ressorte un sachet bleu que je reconnais aussitôt. J’ouvre grand la bouche, incapable de retenir mon excitation. « Co… Comment ? » Il sourit, l’air fier, et me pose délicatement le sachet entre les mains comme l’on remet un prix d’excellence à une enfant. « Un copain est allé en France. C’est tes préférés, non ? » Des petits oursons à la guimauve recouverts de chocolat. J’ai visité Paris, Lyon, traversé les plus belles régions de France et suis montée en haut du Mont-Saint-Michel et malgré tout, malgré tout cela, ces petites bêtises sont parfois ce qui me manquent le plus lorsque je repense à la France. Sans savoir quoi dire, je finis par relever les yeux vers Kaylan et lui offre un sourire de remerciement sincère. Je ne sais ni comment ni pourquoi il s’est souvenu d’un détail aussi bête, encore moins la raison pour laquelle il s’est donné la peine de transformer l’un de ses amis en coursier international, mais peu importe. Ça me touche. Sûrement plus que ça ne devrait. « Il va falloir qu’il soit greffé, pas vrai ? » Les mots simples, doux mais dévastateurs du jeune homme me font aussitôt redescendre sur la terre ferme.

Les yeux rivés sur mes mains tenant fermement le sachet de plastique, je m’installe machinalement sur l’un des brancards aligné contre le mur du couloir. J’aimerais pouvoir lui mentir, pouvoir lui dire n’importe quoi d’autre que la vérité, mais mon sourire s’est définitivement éteint. « Oui. » « Quand ? » Pinçant les lèvres, je hausse les épaules. Kaylan, lui, s’assied à son tour à quelques centimètres de moi. « On ne sait pas. Idéalement, dès que possible. Le docteur Pearson m’a fait l’inscrire sur la liste des receveurs. Alors… On attend. » « Ca ira, tu crois ? » Je déglutis, puis tourne la tête vers lui. Je lis dans ses yeux un espoir si intense qu’il me fait frissonner. Il tient à Connor. Il tient à ce bout de chou plus encore que moi-même. Il l’aime comme un fils, et je n’ai rien de mieux à lui répondre que « J’espère. ».

Ch. V - Save me from myself, don't let me drown
8 septembre 2016, Brisbane

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Les mains tremblantes, je tiens mon téléphone portable fermement contre mon oreille. Mon cœur bat si fort contre ma cage-thoracique, mes larmes brûlent si ardemment la peau de mes joues que je suis incapable de comprendre les mots qui passent les lèvres de mon frère. « Ailis, t’es toujours là ? » Lointaines, les paroles de Jude me parviennent comme s’ils essayaient de me parler au travers d’une vitre blindée. J’ignore pourquoi je l’ai appelé. Je n’ai, de toute façon, pas prononcé le moindre mot depuis que Kaylan m’a tourné le dos, livide, habité d’une rage si violente à mon égard que j’en sentais les torrents bouleverser chaque particule de mon corps. Je n’ai rien pu faire. Ni pour Connor, ni pour lui. Et ils sont partis. Tous les deux.

S’il n’a pas raccroché, c’est que mon frère entend sans aucun doute les sanglots étouffés que je laisse péniblement résonner dans la réserve vide des soins intensifs. Je sais pourtant qu’il va finir par s’impatienter. Pas par lassitude, Jude m’écouterait pleurer des heures s’il savait que cela pouvait m’apaiser, mais par inquiétude. Et j’ai raison. Plus les secondes passent, plus le rythme et l’intensité de sa respiration s’intensifient, à l’autre bout du fil. Il patiente pourtant, de longues minutes, jusqu’à ce que je laisse échapper une nouvelle plainte étouffée, luttant pour ramener un air à la saveur toxique jusqu’à mes poumons. « Ma puce, tu dois me dire ce qu’il se passe. » « Je… » Il se tait, probablement soulagé d’entendre ma voix. Son silence me laisse également comprendre qu’il s’attend à ce que je parle, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Ardents, destructeurs, ils sont porteurs d’une vérité que j’ai tant de mal à accepter qu’il m’est encore impossible de pouvoir la dire. « Bon. Je viens te chercher. » Il ne peut pas. Ma garde n’est pas terminée. « Je viens, d’accord ? », répète-t-il. Il ne faut pas, mais je n’ai même pas la force de lui dire non. Il vient. Il sera là bientôt. Puisqu’il existe un bientôt. Un tout à l’heure, un demain. Le monde continue de tourner, et je n’en avais même pas conscience tant le mien, d’un coup, d’un souffle, s’est arrêté.


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